"COUP DE FOUDRE" A LA GALERIE FERRERO
C’était en octobre 2003, lors d’un reportage à la galerie
Ferrero, célèbre à Nice pour défendre depuis
plus de 30 ans l’art contemporain, et en particulier la fameuse «école
de Nice» des désormais incontournables Ben, Arman et autres
César.
Je tombe sous le charme - «coup de foudre» serait peut-être
le mot juste - d’une peinture, très colorée, divisée
en plusieurs cases d’inspiration BD, d’une gaieté et d’une beauté
époustouflantes à mon goût … Et dotée d’un petit
personnage poétique, qui ressemble étrangement à …
l’artiste, qui est là en personne … Patrick MOYA lui-même,
présence souriante et sereine, assis tranquillement à peindre,
en direct, une de ses œuvres, comme déjà César dans
le passé.
Quant à moi, je demeure quelque peu fascinée devant
ce jeu de miroir : voir l’artiste en personne après l’avoir observé
- si ressemblant et en même temps si caricatural - dans sa peinture.
Admirer la beauté d’une œuvre … qui semble répondre à
celle de son créateur - Patrick MOYA n’a pas été sans
raison modèle nu aux Beaux Arts durant dix ans - voilà qui
n’est pas courant.
Fascination, admiration … et en même temps, un brin d’agacement
devant ce narcissisme, cette auto-célébration, cet égocentrisme
aussi grandiosement assumé …
Ego énorme, envahissant, ou jeu avec l’Ego, distanciation
?
Pourquoi un artiste au talent aussi évident se complaît-il
dans l’admiration de lui-même, ou du moins dans la mise en scène
perpétuelle de lui-même ?
Devant ce fascinant cas de narcissisme assumé et érigé
en œuvre d’art, on se pose des questions : MOYA est-il à ce point
égocentrique ? N’en a t-il pas parfois assez de se montrer, de se
regarder le nombril ? |
|
Cette obsession du Moi n’est-elle pas fatigante, à la longue
?
N’a t-il pas envie, de temps en temps, de sortir de ce système
étouffant sur lequel un “psy” aurait sans doute beaucoup de choses
à dire … En même temps, MOYA fait preuve d’une étonnante
créativité et d’un indéniable talent.
C’est ce jour là, à la galerie Ferrero, que m’est
venue l’idée d’essayer de comprendre la genèse d’une œuvre
d’artiste - sans pédantisme ni langage ésotérique
du critique d’art - simplement en se demandant, à la manière
d’un journaliste enquêtant sur le terrain, comment un artiste devient
un artiste, sur quelles bases se crée une œuvre, dans quelle mesure
et de quelle manière un artiste sublime son «équation
personnelle» (laissons le terme “névrose” aux professionnels
de la psy) dans l’art …
Avec Patrick MOYA, mon sujet d’enquête s’est révélé
extrêmement riche et passionnant.
Suivez-moi dans les coulisses de la création artistique !
Florence CANARELLI |